Après 17 ans de fermeture et 4 ans de travaux, l’hôtel Corinthia, anciennement Grand Hôtel Astoria, s’apprête à ouvrir ses portes, offrant à notre pays son établissement le plus luxueux. Rencontre avec son architecte, Francis Metzger, l’orfèvre qui parvient à rendre à de haut-lieux patrimoniaux leur place dans un quartier, sans les figer dans l’histoire.

Chercher la cohérence
Mélange de restauration, de rénovation et de construction neuve, le Palace comprend le bâti initial, 5 bâtiments alentours et 11 mètres en souterrain nécessaires à la création d’un espace bien-être. Les attentes en termes de luxe ont évidemment évolué avec notre époque. Un espace bien-être est devenu incontournable, tandis que les suites, initialement situées au 1e étage, ont cette fois été construites au dernier étage, offrant 250 m2 d’espace et de service, à l’écart du bruit et des autres clients, explique l’architecte.
La tragédie des architectes
Pour en faire un tout cohérent, Francis Metzger à longuement étudié les plans d’époque, qu’il a complété par l’analyse des photos et de l’archéologie du bâti en vue d’accéder aux teintes réelles, aux matérialités et à la nature des pierres et des décors. On publie rarement des photos du chantier ou de personnes mises en scène pour ne pas faire perdre d’identité à l’œuvre. Or, le travail d’architecture est la mise en place d’un rapport, d’un programme et d’un moment donné, qui anticipe une situation et met en place une philosophie. Mais une fois le bâtiment ouvert au public, on en perd le contrôle. C’est la tragédie des architectes, ajoute l’intéressé.
Le paradoxe de sa restauration
Nous avons tout d’abord déshabillé l’hôtel pour en faire émerger la structure initiale et en saisir l’identité. Ce faisant, il nous a semblé essentiel d’inclure dans notre restauration une reconstitution à l’identique de la verrière de 1910 qui avait été remplacée par une structure plate suite à des problèmes d’étanchéité, s’enthousiasme l’architecte. Une réussite saluée par la presse nationale et internationale. La verrière monumentale de 22 mètres de long et de 12 mètres de large, dont la seule charpente, commandée à une entreprise liégeoise, a déjà nécessité 1 an de travail, marque sans équivoque l’identité du lieu et suscite l’admiration de chaque visiteur.
Un lieu de légendes urbaines…
Si le lieu offre un décor particulièrement propice à l’imagination, il est évidemment empreint de son lot de légendes. Le palace initial aurait ainsi été dessiné sur base d’une coupe de l’hôtel Adlon à Berlin et une partie de son ancien café serait constitué d’un wagon de l’Orient Express. Un séjour à Berlin et des recherches complémentaires ont pourtant prouvé à l’architecte qu’il n’en était rien. Le wagon a tout de même été offert au musée du chemin de fer portant son propre attrait historique. Quant aux fameux passages secrets qui auraient permis au Roi Léopold d’y rejoindre ses maîtresses, les travaux n’ont pas non plus permis d’en prouver l’existence, laissant au lieu son lot de mystères et d’histoires.
Mais aussi un lieu de vie
Originaire du quartier historique bruxellois des Marolles, Francis Metzger conçoit ses rénovations en tenant compte du bâti alentour et de la dynamique du quartier. Rénover un palace à notre époque n’a pour lui rien d’extravagant : Bruxelles perd aujourd’hui toute une série de clients prestigieux qui préfèrent loger à Londres ou Paris par manque d’offre. Au-delà du manque à gagner pour le tissu économique bruxellois, c’est aussi une occasion manquée de faire découvrir à ces visiteurs les richesses de notre patrimoine.
Au-delà de ces retombées économiques, le lieu emploie 300 personnes et propose des concerts de musique et plusieurs restaurants, déjà ouverts, accessibles aux bourses des habitants de la ville. Ce dont ils ne se privent d’ailleurs pas, conclut l’intéressé.
Plus d’infos: https://www.corinthia.com/en-gb/brussels/astoria-concerts/