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De l’Art de Relativiser

Qu’on se le dise, la vie qui pousse dans un corps, bien qu’étant un phénomène très fréquent, n’en est pas moins quelque chose de miraculeux et de bouleversant. Le considérer comme telle et non comme une évidence permet de mieux supporter l’angoisse liée aux problèmes pouvant surgir lors d’une grossesse, lui rendant sa magie et sa fragilité et permettant de l’accepter.

Parce qu’en réalité si l’on y pense, une fois l’enfant conçu, à peu près TOUT peut être l’objet d’angoisses. Etre un pilier pour son enfant n’est pas toujours naturel, (c’est ce que les autres mères veulent vous faire croire) c’est un processus, une oeuvre en construction, alors autant y prendre du plaisir, faire de l’attente un moment de grâce, après tout ira plus vite, vous serez emportée par votre nouveau rôle. Prenez le temps de poser les choses avant, d’y réfléchir et d’y rêver.

Bien sûr la confiance en la vie ne peut pas s’injecter par dose intraveineuse, mais quelques petites astuces peuvent quand même être utiles et efficaces. Evitez par exemple les lectures inappropriées comme Inferno de Dan Brown. Oui, effectivement, le monde a un solide problème démographique, mais il n’est écrit nulle part que c’est à vous de vous sacrifier.

Laissez également tomber la perspective métaphysique de la procréation par simple pulsion animale non contrôlée, complètement désuète dans notre monde civilisé,vous n’êtes pas Yoda et ce qui est en revanche bien ancré dans votre cerveau reptilien serait plutôt la peur. Or finalement ce qui est le plus lourd dans une grossesse normale, ce qui reste ancré, ce n’est pas vraiment la douleur mais surtout la peur. L’appréhension. Car vous SAVEZ que ça va arriver. Or, une fois la douleur installée, comme toujours vous faites face. Comme pour un examen. On panique avant, beaucoup moins devant sa copie.

Il faut dire que, tels des rapaces, tout le monde est aux aguets, prêts à critiquer le moindre de vos faits et gestes, et que le contrôle des naissances issu de la contraception étouffe les femmes sous le poids d’une responsabilité qu’elles ne méritent pas de porter si lourdement.

Une activité qui peut se révéler extrêmement salutaire est de regarder des émissions historiques et les JT d’il y a 20-30 ans. Véritable exutoires, ils offrent une perspective incomparable sur notre propre capacité à rester le nez dans le guidon et sur la dissolution de problèmes qui semblaient pourtant insolubles alors.

Pour les angoissées chroniques, qui culpabilisent encore plus à l’idée de transmettre leur anxiété à leur enfant, je vous suggère une autosuggestion visuelle assez efficace : quand les idées noires commencent à vous submerger, imaginez qu’elles s’évaporent de votre tête et que vous les coupez avec de beaux ciseaux. Ou que vous les déchirez ou les déposez dans la terre, bref, que vous vous en débarrassez. C’est étonnamment puissant.

Je vous invite également à tester l’hypnose prénatale proposée par des doulas ou des sages-femmes. Tout en restant consciente, vous projetez, par ce même genre de jeu, votre conscience sur le positif, comme un projecteur, laissant dans l’ombre l’inutile et le néfaste, ce qui est extrêmement apaisant.

Mettre au monde. Enquête sur les mystères de la naissance de Patrice Van EerselIl existe également une myriade de livres relatant un tas d’astuces pour se sentir en paix avec son état, ou du moins pour mieux le comprendre. Les plus complets et les plus complémentaires, offrant une perspective très large sur vos possibilités, mais aussi ce qui se fait dans le monde ou dans d’autres microcosmes, (ce qui permet de relativiser) :
– Vivre et transmettre le meilleur pendant sa grossesse de Sophie Metthey
– Mettre au monde. Enquête sur les mystères de la naissance de Patrice Van Eersel
– Vivre sa grossesse et son accouchement de Isabelle Brabant.

Le coeur sur un nuage Frédérique DegheltPour celles qui préfèrent se laisser emporter par de la poésie pure, je vous suggère vivement le recueil de photos Le coeur sur un nuage de Frédéric Deghelt qui magnifie l’état sans pour autant en masquer les troubles. Ou de colorier des mandalas.

J’ai eu beaucoup de difficultés à comprendre pourquoi on me disait de profiter de mon état alors. Pourtant, ce moment entre parenthèse de votre vie, plein de nouvelles expériences, offre un cadre unique d’introspection à saisir, et un nouveau sens à votre vie. Une occasion rêvée de savoir finalement, ce qui compte vraiment. Et de s’y attacher.